Les inondations au Tarn aval
Positionné entre les contreforts du massif Central et l’Est du bassin Aquitain, le bassin versant du Tarn aval est influencé par deux climats : l’un provenant de l’océan Atlantique et l’autre du bassin méditerranéen. Ces conditions climatiques peuvent provoquer des inondations par débordement de cours d’eau ou par ruissellement des eaux pluviales.
Inondations par débordement de cours d'eau
Une crue (ou montée du niveau de l’eau) peut amener le cours d’eau à sortir de son lit et à inonder les zones alentours. Deux types de crues sont à distinguer :
- Les crues lentes, qui surviennent principalement en plaine et sur un grand bassin versant, correspondent à une montée du niveau d’un cours d’eau se produisant sur plusieurs jours, voire plusieurs semaines. Elles provoquent alors d’importants dégâts dans les secteurs urbanisés et les zones d’activité économique ;
- Les crues soudaines, ou « éclair », se caractérisent par une montée des eaux brutale et se produisent généralement sur de petits bassins versants en zone de relief. Le niveau du cours d’eau peut alors monter de plusieurs mètres en quelques heures. Ces crues, généralement provoquées par des pluies intenses et localisées, sont difficilement prévisibles et surprennent souvent la population.
Pour aller plus loin : AFPCNT Risques Crues rapides - Esprit Sorcier TV / Episode 1 (Sous-titré)
Schéma d'une inondation par débordement de cours d'eau
Zones inondables par débordement de cours d'eau
Inondations par ruissellement
Les inondations par ruissellement sont engendrées par des écoulements en surface, sur un versant ou le long d'axes préférentiels (thalweg, route, …), en dehors des principaux cours d’eau et ruisseaux, en milieu rural ou urbain. Provoquées par des épisodes pluvieux intenses, localisés et de courte durée, les inondations par ruissellement sont généralement très rapides. L’imperméabilisation des sols en zone urbaine et certaines pratiques agricoles en zone rurale (travail intensif du sol, pas de couverture végétale...) ont tendance à aggraver l’ampleur de ce phénomène.
Pour aller plus loin : AFPCNT Risques Ruissellement - Esprit Sorcier TV / Episode 8 (Sous-titré)
Schéma d'une inondation par ruissellement des eaux pluviales
Les crues du Tarn
Le Tarn est une rivière dont le débit varie en fonction des saisons et des conditions météorologiques. Il est influencé par trois principaux phénomènes : les précipitations océaniques tout au long de l’année, la fonte des neiges du Massif central au printemps, et les pluies méditerranéennes intenses (épisodes cévenols) à l'automne.
La majorité des crues historiques du Tarn se sont produites en automne et en hiver. Toutefois, des inondations peuvent aussi survenir en juin lors de perturbations océaniques prolongées. Ces inondations historiques ont marqué le territoire, notamment celles de juin 1875, 1890, 1897, 1906, 1910, 1927, 1932, 1940, 1965, février 1973, décembre 1981, juin 1992 et juin 2000.
Les pluies méditerranéennes, plus intenses et soudaines, sont souvent responsables des crues les plus dévastatrices. Elles ont causé des inondations majeures à plusieurs reprises, comme en novembre 1766, septembre 1875, mars 1930, novembre 1982, novembre 1994, décembre 2003 et novembre 2014.
La crue du 2 et 3 mars 1930
La crue historique du 2 et 3 mars 1930 est la crue de référence des PPRi du territoire. Particulièrement catastrophique, elle détient le triste record d’être la crue la plus dommageable du XXe siècle en France avec plus de 200 morts, plus de 3 000 maisons détruites et 11 grands ponts emportés (aggravant la crue par des vagues de rupture en aval). Cette crue a été générée par la combinaison de plusieurs facteurs :
- des sols saturés en eau par le passage de perturbations océaniques successives ;
- la présence d’un manteau neigeux sur les Cévennes ;
- la survenue exceptionnelle d’un épisode cévenol à cette saison sur la partie supérieure du bassin versant du Tarn.
Pendant cet épisode, la partie amont du Tarn a cumulé des quantités de pluies supérieures à 300 mm, avec des valeurs atteignant localement 400 mm. La partie aval a connu des pluies de plus de 200 mm. Au total, 2,5 milliards de mètres cubes tombèrent sur le bassin du Tarn en 3 jours. Par ailleurs, un record européen de hauteur d’eau a été atteint à Saint-Sulpice-la-Pointe avec 19,50 m.
Paulette, habitante de Saint-Sulpice-la-Pointe (81), avait 8 ans lors de la crue historique du 2 et 3 mars 1930. Elle nous a fait l'honneur de livrer son témoignage, rare et poignant : sa fuite en pleine nuit, l'effondrement de sa maison, le dénuement et la solidarité...